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C’est souvent de nuit et quand la connexion Internet le permet que Seba (qui ne souhaite pas donner son nom), une étudiante en deuxième année de médecine, tente de renouer avec sa vie d’avant. La lueur de l’écran de son ordinateur et la batterie de l’appareil sont les seuls fils qui l’y relient. Son campus, l’université Al-Azhar, a été rasé en trois frappes aériennes successives, survenues en octobre et novembre 2023. Depuis, Seba tente de poursuivre ses études depuis une salle de classe bondée d’une école de Deir Al-Balah, dans le sud de la bande de Gaza : quelques dizaines de mètres carrés qu’elle partage avec des dizaines de femmes et d’enfants, parmi le 1,9 million de Palestiniens jetés sur les routes par les bombardements et les offensives de l’armée israélienne depuis un an.
Comme Seba, plusieurs milliers d’étudiants gazaouis se sont inscrits à des cours à distance mis à disposition par les universités palestiniennes de Cisjordanie. Quand ils peuvent. « On a perdu nos maisons, nos affaires, nos livres. Tous mes amis sont déplacés. Certains doivent subvenir aux besoins de leurs familles, n’ont pas accès à Internet ou doivent se déplacer au risque de se faire tuer pour trouver du réseau », explique l’étudiante.
Pour la deuxième année de suite, près de 90 000 étudiants sont privés de cours, la totalité des facultés de la bande de Gaza ayant été détruites par l’armée israélienne. Alors que l’année scolaire a commencé dans les autres pays de la région, 625 000 enfants du primaire et du secondaire abordent eux aussi une deuxième année blanche – près de 93 % des écoles du territoire palestinien sont endommagées ou détruites.
Sur la zone agricole d’Al-Mawasi, qui borde le littoral, et au milieu d’une mer de tentes et d’abris, Nasr Mohammed Nasr a lui aussi presque tout perdu. Sa maison, des proches et son travail. Le jeune avocat venait de prêter serment quand la guerre a éclaté. Animateur de l’ONG française Super-Novae, il donne des cours à une centaine d’enfants « dans un espace qui n’excède pas deux tentes. Ce qui ne correspond pas du tout aux besoins. Cela nous oblige en plus à diviser les enfants dont on s’occupe en différents groupes, le matin comme l’après-midi ».
Nasr Mohammed Nasr dit manquer de tout : cahiers, stylos, fournitures scolaires, jeux pour enfants, vêtements, tentes. Autant de produits qui ne sont pas considérés comme des priorités vitales alors que les Nations unies et les ONG ne parviennent déjà pas à acheminer suffisamment de nourriture et de médicaments dans Gaza.
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